Pascale Favre installations

Territorialisme

C’est en traçant des lignes à l’encre, au feutre, à l’aide de bandes adhésives ou encore en les brodant que le travail se dessine et reconstitue des espaces pour que des images mentales s’activent. Les lieux représentés avec juste ce qu’il faut de détails se chevauchent et s’entrecroisent comme les réseaux d’une pensée en mouvement. Les lignes qui s’étirent et fuient vers des horizons décalent les regards vers l’infini, sorte de vertige de l’errance contemplative. Les images représentées, qui ont comme source l’activité de la mémoire, ravivent des souvenirs précis qui traduisent autant les réminiscences que les oublis inhérents au fonctionnement de l’esprit.

Sur les surfaces murales ou de papier s’articulent les pleins et les vides afin qu’émergent des paysages naturels comme d’autres plus urbanisés. Si les effets de perspectives sont lisibles, ils s’utilisent comme une sorte de vocabulaire singulier que je me réapproprie pour mieux les déconstruire et échapper aux règles établies. Le savoir-faire s’emploie ici à démultiplier les points de vue plutôt que de se concentrer sur un mode de représentation. L’observateur, ni au centre ni englobant, voyage au gré des expériences, contemple en même temps qu’il s’évade, capté par l’alternance de légèreté et de profondeur soigneusement composée pour ménager des respirations : des vides en suspens permettent au regard de se prolonger bien au-delà du cadre.

Sur le mur du foyer du Théâtre de Carouge, Les affaires sont les affaires se contextualisent dans un territoire plus contemporain, une ville et sa banlieue où Isidore Lechat prend la forme de chats cherchant à dominer l’ensemble de l’espace.