Pascale Favre dessins

Un été

La série de dessins Un été fait voir des paysages traversés et reproduis à partir de sources diverses. Souvent exécutés de mémoire, des croquis dessinés in situ ont pu servir d’élément déclencheur. À travers les lignes, les dessins suggèrent des ambiances parfois étranges, parfois paisibles mais surtout en lien avec une perception de la réalité.

La plupart du temps, des paysages nous marquent parce qu'ils sont en relation avec des événements vécus. Cette série se concentre sur des sortes de micro-événements qui ont donné des couleurs, des formes et des mots aux souvenirs recréés par le dessin.

Afin d'évoquer ces rapports entretenus avec des paysages, des mots, des phrases, des titres ou refrains de chansons, des syntagmes s'intègrent directement à l'image dessinée, la décalant ou la questionnant. Réalisés au chablon, les lettres deviennent des mots, qui deviennent des sortes de titres qui sont aussi des dessins. À la fois énigmatiques et curieux, les phrases ou fragments de phrases revisitent les souvenirs mais servent avant tout à établir des relations entre le langage et l’image dessinée, à élaborer des rapprochements possibles entre les paysages et le vécu.

Ces événements peuvent être des coïncidences, des expériences hasardeuses, comme des questionnements sur le paysage. Deux chansons, entendues une à la radio en conduisant et l'autre sur la terrasse d’un bar d’une station de sport d’hiver, – Smoke on the water de Deep purple, et Personal Jesus de Depeche Mode –, font écho aux paysages traversés. Pour la première, il s'agit du Lavaux dont un coucher de soleil embrase justement le ciel. Quant à la chanson Personal Jesus reprise par Johnny Cash entendue l'été à Flaine, je l’ai immédiatement reliée au contexte de la station où la religion du divertissement détourne les paysages naturels et architecturaux en terrains de jeux.

D'autres micro-événements marquent des instants précis : la vue d'une vache en Valais se faisant soigner lors d'un repas pris sur un alpage à l'écart d'une station dévolue à l'alpinisme, ou encore, dans le Jura cette fois, la vision de tout un troupeau de bovidés me fixant de leurs grands yeux.

Parfois sans expérience singulière, les liens se font par l'observation et la réflexion : des rochers sculptés par l'eau et le vent ressemblant à des chiens, des lignes au sol et à perte de vue, un paysage de lapiez créant des failles profondes pouvant être fatales, le beau bleu de la mer Méditerranée pourtant si endeuillée.

D'autres dessins viennent rappeler qu'il existe plusieurs « bout du monde » comme à Genève et en Haute-Savoie par exemple, mais aussi que des endroits sauvages aux magnifiques panoramas peuvent aussi devenir des lieux de surveillance.

Les manières de ressentir un paysage ou même de l'appréhender sont multiples tout comme les raisons pour lesquelles certains nous resteront en mémoire plus que d'autres. Par le dessin et l'écriture, la série Un été tente d'approcher diverses réflexions sur les relations possibles au paysage et au souvenir. Le dessin, suggérant différents types de paysages permet des reconnaissances et tente de faire émerger de nouveaux liens par l'intermédiaire du texte créant un potentiel d'interprétations possibles et variées dépassant ainsi l'expérience personnelle.

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